jeudi 31 janvier 2019

BD : Southern Bastards de

Southern Bastards

Une BD avec Jason Aaron au scénario et Jason Latour au dessin
Parue aux éditions Urban Comics (2015)


Earl Tubb est de retour à Craw County pour vider la maison de son oncle Buhl. Sa seule envie est de quitter au plus vite de ce trou perdu d’où il est parti quarante ans plus tôt. Il suffira d’une altercation dans un restaurant du coin pour transformer ce séjour en descente aux enfers. Un enfer taillé sur mesure par Euless Boss, coach de l’équipe de football local et ennemi juré du père d’Earl, l’ancien shérif de la ville.

Le comics n’est pas seulement l’univers des super-héros en collant (ou pas), la bande-dessinée américaine foisonne de perles comme ce Southern Bastards. Jason Aaron nous livre une peinture sans concessions de l’Amérique profonde. Une Amérique très dure et souvent repliée sur elle-même sert de toile de fond à un thriller très noir. Le dessin de Jason Latour dominé par des couleurs sépia renforce avec brio l’ambiance pesante dans cette petite ville de l’Alabama.

La série compte désormais 4 volumes dont le dernier est sorti en novembre 2018.

samedi 26 janvier 2019

Roman : Donnybrook de Frank Bill


Donnybrook

un roman noir de Frank Hill
Publié dans la Série Noire (Editions Gallimard, 2014)

Le Donnybrook est un tournoi de combats à poings nus qui se déroule dans un coin perdu du fin fond de l'Indiana. Vingt concurrents, un ring en fil de fer barbelé, le vainqueur est le dernier debout. Les spectateurs, saouls ou défoncés, misent sur leur favori. Marine est un père désespéré. Non seulement il est prêt à tout pour nourrir ses gosses, mais c'est aussi le pugiliste le plus redoutable du Kentucky.
C’est pour lui une chance unique d'accéder à une vie meilleure. Le prix accordé au gagnant résoudra tous ses problèmes, il en est convaincu. Angus La Découpe, de son côté, a raccroché les gants depuis longtemps. Cette légende des combats clandestins s'est reconvertie avec sa soeur, Liz, dans la fabrication de méthamphétamine. Leur dérive les mènera si loin que Liz décide de le trahir. Le Donnybrook sera le lieu de leur dernière confrontation. Des quatre coins de l'Amérique profonde, des protagonistes, guidés par leurs propres vices - drogue, violence, sexe, argent, honneur -, vont converger vers le lieu de leur perdition ou de leur rachat.

Frank Bill qui nous emmène au plus profond de l’enfer, au plus profond de la noirceur d’une Amérique en pleine décadence. Entre sang, sueur et relents d’alcool, ce roman noir n’est pas sans rappeler le Fight Club de Chuck Palahniuk.

vendredi 25 janvier 2019

Martin Dumollard (2)

Arrestation et procès

Photographie de Marie-Anne Martinet
Le 28 mai 1861, Dumollard aborde Marie Pichon sur le pont de la Guillotière à Lyon et lui propose une place de bonne à Dagneux payée 250 francs annuellement. Pichon accepte la place, rassemble quelques affaires dans une malle et suit Dumollard dans le train vers Montluel où ils arrivent en fin de soirée. Il s'ensuit alors une marche dans les bois, vers les hauteurs de Dagneux. Dumollard l'agresse mais Pichon s'échappe puis court jusqu'à ce qu'elle trouve refuge dans la ferme d'un dénommé Joly à Balan. Joly s'en va alors solliciter Croix-Moine, le garde champêtre de Dagneux. À l'écoute de la description précise de Marie Pichon, Croix-Moine pense reconnaître Dumollard domicilié rue du Mollard (mollard = colline) à Dagneux. Après une rapide visite au domicile de « Raymond », comme les Dagnards surnomment Dumollard, la conviction de Croix-Moine est faite et il va immédiatement avertir le juge Genod de Montluel qui ordonne alors son arrestation. Quelques jours après, le 3 juin 1861, une première confrontation a lieu entre Marie Pichon et Martin Dumollard, qu'elle reconnait immédiatement.

L'enquête permet d'identifier que l'un des objectifs des assassinats est le vol de tissus et d'habits ; une multitude de vêtements féminins appartenant aux victimes est retrouvée dans le logement de Dumollard. Dumollard et son épouse sont emprisonnés à Trévoux en attendant leur procès prévu pour le 29 janvier 1862 à Bourg-en-Bresse.
© Benoît Prieur / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

Le procès des époux Dumollard se déroule du 29 janvier jusqu'au 1er février 1862 au palais de justice de Bourg-en-Bresse devant lequel une foule de 4 000 à 5 000 personnes. Dumollard est condamné à mort. Sa femme est condamnée à vingt ans de travaux forcés.

À la suite de son guillotinage, le corps de Dumollard est enterré dans un lieu indéterminé, même si une forte présomption place sa sépulture à l'orée du cimetière jouxtant la chapelle Saint-Barthélémy de Montluel. La tête du condamné est envoyée (dans un caisson spécial) à l'école de médecine de Lyon dès début mars 1862. Dès réception, des études sont lancées pour analyser le crâne de Dumollard : ainsi plusieurs plâtres moulés sont conservés.

Martin Dumollard (1)


Une carrière bien remplie


Photographie de Martin Dumollard
Martin Dumollard, né le 21 avril 1810 à Tramoyes dans l'Ain et est mort guillotiné, le 8 mars 1862 à Montluel également dans l'Ain. C’est un journalier, connu pour avoir agressé et assassiné des domestiques lyonnaises.
Sa mère, Marie-Josephte Rey, mourut le 15 Avril 1842 à Dagneux, où elle était connue sous le nom de Raymonde la mendiante.

Ses futures victimes sont abordées à Lyon par Dumollard qui leur propose une place attrayante en Côtière de l'Ain (Montluel, Miribel). Convaincues, elles finissent par le suivre et, durant leurs pérégrinations à pied, Dumollard les agresse. La totalité des douze agressions ou tentatives d'agressions connues se produisent à la fin des années 1850 et au début des années 1860 jusqu'à celle de Marie Pichon le 28 mai 1861.

Il est alors rapidement arrêté, ainsi que sa femme et complice, Marie-Anne Martinet, qui fait recel des effets personnels des domestiques pour son utilisation propre ou pour la revente. Leur procès se déroule du 29 janvier au 1er février 1862 : Martin Dumollard est condamné à mort et son épouse, à vingt ans de travaux forcés. Cette affaire, qui précède d'une trentaine d'années celle de Joseph Vacher, a eu un grand retentissement en France ; elle est souvent considérée comme la première affaire contemporaine de tueur en série dans ce pays. Dumollard est notamment évoqué dans Les Misérables de Victor Hugo.

Maison de Martin Dumollard et Marie-Anne Martinet à Dagneux
Son mode opératoire consiste à aborder des jeunes filles (en particulier à Lyon) et à se faire passer pour un employé de maître à la recherche d'une nouvelle domestique. Dumollard propose alors des émoluments importants pour ce type de poste et entraîne alors la jeune fille, qui a rassemblé prestement quelques affaires, dans la région rurale de la Côtière de l'Ain. Quelques-unes de ces jeunes filles comptent parmi ses victimes, entre 1855 et 1861.

Louis Mandrin (2)

Le Capitaine des contrebandiers

Louis Mandrin entre alors dans une bande de contrebandiers, se livrant en particulier au commerce illicite du tabac, mais aussi à celui de cotons imprimés et d'horloges. Il en devient rapidement le chef et se définit lui-même comme « capitaine général de contrebandiers de France ». Sa troupe de plusieurs centaines d’hommes, constituée de paysans et de soldats déserteurs, est organisée comme un véritable régiment militaire. 

Sa principale cible est la Ferme générale, et non le peuple. Il use de nombreux moyens pour défier l'administration. Il contraint celle-ci à lui acheter ses marchandises, et donne volontiers des  reçus. Il peut distribuer à l'occasion des cadeaux aux uns et aux autres. Il commercialise même sa marchandise lors de grandes ventes publiques, le plus ouvertement possible, en ayant pris la précaution d’affecter ses hommes à la surveillance.

C'est en Savoie, duché faisant à l'époque partie du Royaume de Sardaigne, qu'il a ses dépôts d'armes et de marchandises. Il mène six campagnes en France dans l’année 1754. Il parcourt alors des centaines de kilomètres à travers le Dauphiné, l’Auvergne, le Languedoc, la Bourgogne et la Franche-Comté.

La fin de Mandrin

Finalement, la Ferme générale en appelle au roi Louis XV. Au cours de sa sixième campagne, Mandrin est poursuivi par l’armée royale. Et pour la première fois, le 20 décembre 1754, il est mis en fuite lors de la bataille de Gueunand.

Dans la nuit du 10 au 11 mai 1755, le régiment du colonel de la Morlière franchit la rivière Guiers et entre dans le duché de Savoie pour capturer Mandrin. Réfugié au château de Rochefort, Louis Mandrin est arrêté et ramené à Valence. 

Charles Emmanuel III, devant cette intrusion dans son territoire, demande l'extradition de Mandrin. Afin d’éviter un incident diplomatique, le roi Louis XV cède mais fait avancer le procès du contrebandier. Le 24 mai 1755, Mandrin est jugé. Soumis à la question, Mandrin reconnait les faits de contrebande mais nie tout assassinat. Il est accusé de crime de lèse-majesté, assassinats et vols ainsi que de perturber le repos public.

Condamné à la roue, il est exécuté le 26 mai 1755 à Valence. Mandrin s’installe lui-même sur la roue et il supporte le supplice sans un cri. Au bout de huit minutes, à la demande de l'évêque de Valence, son bourreau l'étrangle épargnant ainsi à Mandrin de longues heures d’agonie.



Louis Mandrin (1)

Jeunesse et déboires d’un bourgeois

Louis Mandrin est né en 1725 à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs dans le Dauphiné. Il est le fils aîné d'une vieille famille dauphinoise. Louis est l’ainé d’une fratrie de neuf.

Maison natale de Louis Mandrin
Suite à la mort de son père en 1742, le jeune Louis devient, le chef d’une famille couverte de dettes. En 1749 La guerre de succession d’Autriche offre à Mandrin une opportunité de gagner beaucoup d’argent. Il signe, un contrat par lequel il s’engage à fournir 97 mulets à l’armée Française d’Italie. Il en perd la plus grande partie durant la traversée des Alpes et, à son retour en Dauphiné, il ne lui reste que dix-sept bêtes dans un état déplorable. De ce fait, il n’obtient pas des finances royales les indemnités qui lui avaient été promises pour le travail fourni. Ayant investi dans cette opération toutes les maigres économies de sa famille, il se retrouve totalement ruiné.

Portrait du contrebandier Louis Mandrin, eau forte du XIXe
La misère dans laquelle tombe alors la famille Mandrin les incite à voler. Louis a recourt à la contrebande. Quant à ses frères, Pierre et Claude Mandrin, ils sont condamnés à la flétrissure et aux galères à vie pour vol. Ses deux frères cadets sont alors contraints de fuir. Louis décide alors de les venger et le curé terrorisé s’enfuit du village. Le déshonneur est complet pour la famille Mandrin.

En juillet 1753 lors du tirage au sort de la milice, le fils d’un ami de Mandrin, est désigné. Le père essaie d’organise l’évasion de son fils, mais un autre villageois désigné par le sort, cherche à s’emparer du jeune homme. Il se heurte alors à Mandrin et ses amis. Le combat est sanglant. Deux hommes sont tués à coups de fusil. L’Intendant du Dauphiné condamne Mandrin et ses compagnons aux galères. Louis Mandrin prend la fuite et de ce fait est accusé d’être l’auteur principal du crime. Son ami, Benoît Brissaud, est pendu à Grenoble pour cette rixe en compagnie de Pierre (frère de Mandrin) pour faux-monnayage. Mandrin déclare alors la guerre aux collecteurs de taxe de la Ferme générale ce qui le fera entrer dans l’imaginaire collectif comme une sorte de « Robin des Bois ».

Les fermiers généraux sont alors haïs par la population. Ils prélèvent les taxes sur le sel (gabelle), mais aussi sur d'autres marchandises, comme le tabac.
Le système d'affermage de la collecte des taxes entraîne des abus considérables. Les fermiers généraux accumulent d'énormes richesses en ne reversant au roi que le montant convenu, parfois le quart des taxes qu'ils prélèvent.



Crimes à Lyon : Repères historiques (4)

1692 : Le double assassinat de la rue du Bœuf

© Xavier Caré / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0
Rue du Boeuf

Le 5 mars 1692, un marchand de vin de Lyon et sa femme sont assassinés dans leur cave. L’enquête piétine. Un voisin suggère alors de recourir aux services de Jacques Aymar. Conduit sur les lieux du crime, celui-ci s’emploie à reconstituer l’itinéraire des assassins grâce à sa baguette de sourcier qui l’entraîne jusqu’à Beaucaire. Là, la baguette désigne un bossu qui vient d’être arrêté pour un petit larcin. Ramené à Lyon, le bossu avoue être l’un des auteurs du crime.

Jacques Aymar
Il est aussitôt condamné à être rompu vif sur la place des Terreaux. Les Lyonnais sont extrêmement impressionnés par cette suite d’évènements et très vite de nombreux récits louent les pouvoirs du sourcier de Saint-Véran. Désormais célèbre, Jacques Aymar est sollicité de toute part pour exercer ses talents divinatoire. Ses pouvoirs fascinent et sa renommée enfle.
Les pouvoirs de Jacques Aymar ont été par la suite fortement discrédités par le peu de succès des expériences auxquelles il fut soumis à l’hôtel du prince de Condé à Paris.


Crimes à Lyon : Repères historiques (3)

1642 : La conspiration de Cinq-Mars

Henri Coëffier de Ruzé d'Effiat,
marquis de Cinq-Mars
La politique du cardinal de Richelieu vise à l'établissement définitif d'un pouvoir monarchique, et donne donc lieu à une lutte contre les grands féodaux, favorables à un pouvoir central faible. De nombreuses conspirations sont alors dirigées contre le ministre, comme la Journée des Dupes. Le fait que le cardinal mène une guerre contre l'Espagne lui assure également l'hostilité de la reine Anne d'Autriche, d'origine espagnole.

Afin de s'assurer de garder les faveurs du roi, Richelieu favorise l'introduction auprès du roi de Cinq-Mars, fils d'un ami proche du cardinal, en 1639. Le jeune homme devient rapidement le favori en titre et se retourne contre Richelieu.

Cinq-Mars s'entend alors avec François-Auguste de Thou. Le marquis prend contact auprès de l'Espagne, pour disposer d’une force armée conséquente pour aider la conjuration. Le 17 février 1642, la Cour s'arrête à Lyon. Les conjurés ont prévu de s'emparer de Richelieu. Mais celui-ci se présente devant Cinq-Mars accompagné de son capitaine de gardes et le marquis est intimidé et renvoie les conspirateurs.

Cinq-Mars et De Thou au pied
de l'échafaud ( XIX siècle)
Une correspondance secrète du marquis est interceptée par la police de Richelieu en juin. Dès lors la conspiration s'effondre. Cinq-Mars et de Thou et sont arrêtés à Narbonne le 13 juin. Trahis dans leur confiance, Louis XIII et Richelieu font juger Cinq-Mars et de Thou à Lyon. Ils sont condamnés à mort pour crime de lèse-majesté, et décapités le 12 septembre 1642 sur la place des Terreaux.


Crimes à Lyon : Repères historiques (2)

177 : Les 48 martyrs de Lyon

On considère que la première affaire « judiciaire » remonte à 177 ap. J-C avec le jugement et le martyr de 48 chrétiens supposé. Ils ont été martyrisés à l’amphithéâtre des trois Gaules. Parmi eux se trouvait Sainte Blandine qui est restée comme la sainte patronne de Lyon. Jean-Paul II est allé se recueillir sur le site lors de sa visite à Lyon en 1986.















383 : la mort de l’empereur Gratien

En 383, Gratien fait face à l'insurrection d'un général hispanique de l’armée de Bretagne, Magnus Clemens Maximus ou Maxime, et il est vaincu lors de la bataille de Lutèce (383) et tué à Lugdunum lors de la débâcle de ses troupes. Maxime s’étant rendu maître de toute la préfecture des Gaules, Théodose le reconnaît empereur d'Occident en 384.

Crimes à Lyon : Repères historiques (1)

40 : Assassinat de Ptolémée de Maurétanie

Il est le fils de Juba II (52 av. J.-C.–23 ap. J.-C.), lui-même fils du roi de Numidie Juba Ier, et époux de Cléopâtre Séléné (40 av. J.-C.–6 ap. J.-C.), unique fille de Cléopâtre VII et de Marc Antoine. Ptolémée possède donc un héritage à la fois nord africain, grec et romain. Il est cousin germain de l'empereur romain Claude et cousin issu de germain de Néron et Caligula.

Buste de Ptolémée, v. 30–40 ap. J.-C., musée du Louvre
Ptolémée et sa sœur Drusilla reçoivent une éducation romaine. En l'an 19, son père le nomme co-monarque. Quatre ans plus tard, Juba II meurt et Ptolémée monte sur le trône. En 24, Ptolémée, avec l'assistance du gouverneur romain, met fin à la révolte des Garamantes et du mercenaire Tacfarinas. Pour cette victoire, le Sénat romain accorde à Ptolémée un sceptre en ivoire et une tunique de triomphe, et le reconnaît comme roi, allié et ami.

Il épouse Julia Urania, dont la tradition fait soit une affranchie gréco-syrienne, soit une membre de la famille royale d'Émèse. Il en a vers 37–39 Drusilla, seul enfant qu'on lui connaît. Elle épousera Antoine Félix, procurateur de Judée, en 52.

En 40, il est invité à Rome par l'empereur Caligula. Ptolémée suscite la jalousie de ce dernier en portant un manteau de pourpre, couleur impériale, pendant un spectacle de gladiateurs : il est exécuté alors qu'il se rend à Lyon et son royaume est annexé par Rome. Ptolémée aura été le dernier de la dynastie des Ptolémées et le dernier roi de Maurétanie.

La Bande à Bonnot (3)

L'état de siège

Le 28 Avril une quinzaine d'inspecteurs cernent le pavillon où s’est réfugié Bonnot. Bonnot se barricade et blesse un inspecteur. La fusillade est suffisamment soutenue pour tenir les policiers en respect et les obliger à se mettre à l'abri. Ils pensent que Bonnot n'est pas seul. Le siège commence. La fusillade a réveillé toute la localité. Cinq cents hommes armés sont là disséminés dans les haies.
De toute la banlieue, de Paris on continue à affluer vers Choisy. Le spectacle est attendu : 20 000 personnes accourent. L’ordre est donné d'acheminer le régiment d'artillerie stationné à Vincennes. On demande également une mitrailleuse lourde. Un cordon de tirailleurs cerne la maison.
A Midi, il y a près de trente mille personnes autour du pavillon. Le siège dure des heures, la fusillade ne connaît aucun répit. Tous les assiégeants pensent jouer un rôle historique. Bonnot se sait perdu. Il rampe jusqu'à la table, prend plusieurs feuilles et rédige une sorte de testament. La décision est prise de dynamiter le repaire.
Après avoir traversé la première pièce, les policiers trouvent Jules Bonnot. Atteint de six balles, il a encore la force de tirer trois coups. Il succombe pendant le trajet à l’hôpital


La fin de la bande à Bonnot

Il reste deux membres de la bande à Bonnot en liberté : Garnier et Valet. Ils logent dans un pavillon de banlieue à Nogent-sur-Marne. Le 14 Mai la sûreté les à repéré. Pour éviter la mascarade de Choisy tout a été fixé et préparé dans le plus grand secret. Ce sera pire. Le pavillon est cerné et les inspecteurs de la sûreté entre dans le jardin ou ils sont accueillis à coups de pistolets. Le siège le plus fou de toutes les annales de la criminalité va commencer. Pour tuer Garnier et Valet, il faudra neuf heures de fusillades nourries, des centaines de policiers, un bataillon de zouaves sur le pied de guerre. Sans parler de plusieurs mitrailleuses lourdes mises en batteries. Durant la fusillade plusieurs inspecteurs de police sont touchés.
Un nouveau bataillon de zouaves, soit trois cents hommes, arrive au pas de gymnastique. Ils sont salués par les ovations de la foule de plus en plus dense. Deux cents gendarmes, munis de leur carabine, se placent en embuscade. Le pavillon est dynamité, la toiture s'est envolée mais les deux hommes sont toujours là. La nuit est tombée maintenant. A minuit quarante mille personnes au moins se massent aux abords du pavillon.  Deux compagnies de zouaves supplémentaires sont dépêchées.  On tente de dynamité le pavillon une nouvelle fois sans succès. Valet et Garnier se déchaînent et un inspecteur est de nouveau tué. La troupe arrête le feu peu de temps après, faute de munitions. Le ministre de l'intérieur arrive sur les lieux. Après avoir éventré le pavillon à la dynamite, les policiers tentent une approche. Tout à coup, c'est la débandade. Garnier et Valet les mitraillent à bout portant.
La fusillade a fait deux blessés. Enfin, sonne le "cessez-le-feu". Ce sera le dernier. Soldats, policiers, pêle-mêle, se lancent à l'assaut. La bousculade est générale. Ils arrivent enfin dans la pièce ou sont retranchés les deux hors-la-loi. Le spectacle est hideux. Du sang, partout. Sur le plancher, sur les murs. Des douilles de balles par centaines. Il est deux heures du matin. Garnier et Valet tentent une dernière fois de tirer puis sont abattus.
3h, tout est terminé. Le siège a duré plus de neuf heures. Cent mille personnes se précipiteront sur les lieux du drame. Le lendemain, les corps sont jetés dans la fosse commune du cimetière de Bagneux.





La Bande à Bonnot (2)

L'épopée

L'épopée de la bande à Bonnot peut donc commencer. Il s'exerce à l'ouverture des coffres forts. Parallèlement, il ouvre deux ateliers de mécaniques à Lyon. En 1910, Bonnot se rend à Londres et entre en qualité de chauffeur il aurait été au service de Sir Arthur Conan Doyle. De retour à Lyon, il met au point une nouvelle technique. Aucun bandit n'a encore songé à introduire l’automobile dans l'arsenal du crime. Mais la police le recherche et il est obligé de fuir Lyon en compagnie de ses complices.
Le 21 Décembre 1911 commence réellement l'épopée de la bande à Bonnot. Vers 9h du matin, Jules Bonnot, Octave Garnier « le Terrassier », Raymond «  la science » Callemin et un quatrième homme décident de s'attaquer au garçon de recette de la Société Générale. C'est la première fois qu'une voiture est utilisée lors d'un braquage. Le butin est maigre et le garçon de recette est gravement blessé. Le lendemain les journaux se déchaînent. Après avoir abandonné leur automobile, ils reviennent à Paris, La police est démunie devant la rapidité de leurs automobiles. 
Le 25 Mars 1912 ils attaquent de la Société Générale à Paris
La bande ne reste pas inactive. En France et en Belgique, ils tentent avec plus ou moins de succès un certain nombre de "coups". Deux armureries sont pillées à Paris. A Gand, ils volent la voiture d'un médecin.

L'ultime coup

Leurs photos s'étalent dans les journaux. Les têtes sont mises à prix. Bonnot se devait d'organiser un coup de force. Après avoir volé une voiture et avoir blessé ses passagers, ils se dirigent vers la Société Générale de Chantilly. Ils entrent dans la banque revolver au point. Un complice fait le guet à l'entrée. Le bilan est de deux morts pour 50 000 frs. (7600€)
Deux cents inspecteurs de police se mettent en campagne. La banque offre cent mille francs à quiconque permettra la capture des bandits.
Pendant toute une semaine, la bande à Bonnot fait la une des journaux
Bonnot loge dans un appartement à l'insu de son propriétaire absent. Fin Avril le sous-chef de la sécurité repère Bonnot et se fait tuer en tentant de l'arrêter. Mais le fugitif est blessé au bras. Bonnot redouble de prudence. Il arrive ainsi à Paris sans histoire. Chaque soir, il cherche d'un nouvel abri. Personne ne doute de son arrestation mais Bonnot court toujours.
Sa piste semble perdue lorsqu'un pharmacien de Choisy-le-roi déclare qu'il a donné des soins à un homme blessé à la main.



La Bande à Bonnot (1)

Naissance d'un anarchiste

Jules Bonnot naît en 1876 dans un village du Doubs, près de Montbéliard. Il perd sa mère très jeune. Plus tard, son frère aîné se suicide. Son père ouvrier fondeur, assure seul son éducation.
Déjà à l’école, il se fait remarquer :"il était paresseux, indiscipliné, insolent", dira de lui son instituteur. Jules évolue dans un univers d'analphabétisme. Son père illettré, est affaibli par des conditions de vie très difficiles. Le fils n'a guère plus d'espoir que son père d'échapper à cette condition. A quatorze ans, Bonnot devient apprenti. Refusant toute contrainte, il ne s’entend pas avec ses patrons.

Jules connaît sa première condamnation à 17 ans suite à une bagarre. Un temps employé aux chemins de fer, son engagement anarchiste le fait renvoyer. Personne ne veut engager un tel agitateur.

L'exil

Il part alors pour Genève où il trouve une place de mécanicien. Toujours aussi révolté, Bonnot se lance de plus belle dans la propagande anarchiste. Les Suisses ne tardent pas à l'expulser. Il se fixe finalement à Lyon où ses connaissances exceptionnelles en mécanique lui procurent un emploi chez un constructeur d'automobiles. C'est là qu'il va parfaire son habileté professionnelle et l’art de la conduite qu’il va mettre au service du crime.

Aux yeux des patrons, il passe pour un meneur dangereux qui déclenche le mécontentement et les grèves. Il quitte alors Lyon pour Saint-Étienne où il vit jusqu’en 1906. Un rapport de police le présente comme "très violent et méchant", ajoutant que "les renseignements recueillis sur son compte sont mauvais". Trompé et abandonné par sa femme, Bonnot perd de son emploi. C’est la goutte d’eau qui fait éclater sa révolte.


Le dossier en cours

Sherlock Holmes (3)