lundi 10 avril 2017

Joseph Vacher (2)

Joseph Vacher au cinéma


Le Juge et l’Assassin (Bertrand Tavernier 1976)


Avec Michel GALABRU, Philippe NOIRET Isabelle HUPPERT, Jean Claude BRIALY, Yves ROBERT


Joseph Vacher s’appelle Joseph Bouvier. Tavernier insiste sur l’obstination d’un juge à prouver que l’assassin n’est pas fou et peut donc être jugé et condamné. Arrivisme.  Le film se situe exactement à l'époque où les neuropsychiatres français qualifiaient les vagabonds « d'aliénés migrateurs » atteints de « dromomanie ».

Bertrand Tavernier adapte d'un fait divers du XIXe siècle pour dénoncer une justice de classe. Cette justice de classe c'est d'abord celle qui n'accorde pas à Bouvier le bénéfice de la folie qui lui permettrait d'échapper à la guillotine.

Tueur en série, égorgeur et violeur de jeunes bergères, Joseph Bouvier est manifestement un déséquilibré mental. Symbole de la justice et de l’ordre social, le Juge Rousseau (Philippe Noiret) fait son devoir de magistrat mais s’obstine à poursuivre Bouvier en dépit des réserves des experts psychiatres

Tavernier réussit un double portrait. C’est d’abord la confrontation équivoque et subtile entre deux hommes que tout oppose, mais aussi la peinture d’une société caractérisée par la répression ouvrière, l’âge d’or du colonialisme, et l’arrogance d’une bourgeoisie s’appropriant tous les pouvoirs, politiques, militaires, économiques et moraux. Cinéaste de gauche, Tavernier porte un regard féroce sur ce beau petit monde mesquin et condescendant.

Ce qui passionne Tavernier dans ce face-à-face, c'est l'affrontement de deux violences. Une violence démente, incontrôlable, et une autre légale, répressive, insidieuse. L'une comme l'autre sont révélatrices des dérives d'une époque grisée de fanatismes. Tavernier dénonce une justice de classe et les excès du pouvoir. Bouvier, le tueur dévot, ne sera pas tant jugé parce qu'il trucidait les chairs fraîches que parce qu'il émettait des théories dangereuses pour la société bourgeoise. Comme le dit le procureur, un royaliste maurrassien et antisémite : « C'est un pauvre, il n'a aucune chance ! » C'est l'époque où les dames font signer des pétitions « patriotiques contre le traître Dreyfus » aux clochards contre une assiette de soupe, où l'on brûle les livres de Zola en place publique.


Anecdote : Le réalisateur a commandé trois chansons spécialement écrites pour le film. La seconde, La Complainte de Bouvier l'éventreur est interprétée dans le film par Jean-Roger Caussimon lui-même.



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